51—62 CE.
CIL XII 1360 = CIL XII 5842 = ILS 1321. Inv. No. MCR 335.Rome, Museum of Roman CivilizationPhoto by Olga Lyubimova
Inscription with dedication to Sextus Afranius Burrus, praetorian prefect under Nero, dedicated by the people of Vasio, his fellow-citizens.
51—62 CE.
CIL XII 1360 = CIL XII 5842 = ILS 1321.
Rome, Museum of Roman Civilization
(Roma, Museo della civiltà romana).
Vasienses Vocontiorum patrono Sexto Afranio Sexti filio Voltinia Burro tribuno militum procuratori Augustae procuratori Tiberi Caesaris procuratori divi Claudi praefecto praetorio ornamentis consularibus
The people of Vasio [from the tribe] of Vocontii [dedicated] to the patron Sextus Afranius Burrus, son of Sextus, from the tribe] Voltinia, military tribune, procurator of Augusta, procurator of Tiberius Caesar, procurator of Divine Claudius, praetorian prefect, [invested] with consular ornaments.
Copie et moulage envoyés par M. de Guyon, de Vaison, et estampage de MM. Heron de Villéfosse et l’abbé Thédenat.
Vaison, dans le département de Vaucluse. — Fragment trouvé dans les premiers jours d’octobre 1884, à Vaison. L’inscription était renfermée dans un encadrement de moulures. — Hauteur, 0m 45, largeur, 0m 70; largeur de la partie encadrée, 0m 59.
Lettres de bonne forme: les deux premières lettres du mot AFRANIO réduites à leurs extrémités inférieures; les deux suivantes incomplètes en haut. Il ne reste de la première N d’ORNaMenTIS que l’angle supérieur gauche, de l’M du même mot que l’angle supérieur droit, de l’N de CONSVlaribus que la moitié gauche, et de l’V du même mot que l’extrémité supérieure du jambage gauche. Peut-être un accent sur l’O de BVRRO et sur l’A de PRAeF. Tous les points, excepté celui après TI et celui après PRAeF, figurés par de petites hederæ cordiformes.
…Afranio, Sexti filio, Voltinia, Burro, tribuno militum, procuratori Augustae, procuratori Tiberii Caesaris, procuratori divi Claudii, praefecto с. 76 praetorii ornamentis consu[laribus honorato ab Imperatore Nerone Caesare Augusto, Vasienses Vocontii patrono?].
«A... Afranius Burrus, fils de Sextus (Afranius); de la tribu Voltinia, tribun militaire, procurateur d’Augusta, procurateur de Tibère César, procurâteur du dieu Claude, préfet du prétoire, honoré des ornements consulaires (par l’empereur Néron César Auguste; les Vasienses Voconces ont élevé cette statue à leur patron)».
Le personnage rappelé par cette inscription, gravée sur le piédestal qui portait sa statue, était un chevalier romain, dont la carrière, commencée sous Auguste, s’est poursuivie, jusque, sous Néron et a ainsi embrassé, une période d’une cinquantaine d’années au moins. Il a débuté par le grade de tribun dans une légion qui n’est pas nommée, puis a rempli successivement plusieurs procuratelles qui l’ont conduit à la préfecture du prétoire, le plus haut poste que put atteindre un chevalier romain. Comme cela se remarque sur beaucoup d’inscriptions du premier siècle, ces procuratelles ne sont pas spécifées; mais il n’y a guère à douter que ce ne fussent des procuratelles de provinces, et il se pourrait très bien que la dernière ait été celle de la Lyonnaise et de l’Aquitaine, qui, en raison de son importance, était le chemin ordinaire par lequel on arrivait aux grandes préfectures de l’annone et du praetorium. Notons aussi que le titre de «procurateur de tel prince», peut réunir plusieurs procuratelles remplies sous un même régne.
La première exercée après le tribunat légionnaire est désignée par le titre de procurator Augustae, c’est-à-dire procurateur de Livie. devenue Julia Augusta en conséquence de son adoption testameutaiie par Auguste. Une fonction publique ne pouvant pas être, croyons-nous, conférée par une impératrice, il doit s’agir ici de la procuratelle de quelque domaine appartenant à la veuve d’Auguste, et il est remarquable que Livie n’est pas qualifiée de diva. Un des premiers actes de Claude, parvenu à l’empire, avait été de lui faire décerner les honneurs de l‘apothéose; elle était diva depuis longtemps au moment de la rédaction de l’insription. Peut-être ignorait-on à Vaison qu’elle eût été divinisée. Ce début d’une carrière procuratorienne par une fonction privée, nous est signalé par M. Mommsen comme particulièrement intéressant: «Il fait voir clairement que la carrière des procurateurs a tiré son origine du domaine privé».
On a également à s’étonner que le cursus des procuratelles qui ont suivi celle désignée par le nom de la veuve d’Auguste suite de Tibère à Claude, et on se demande si la carrière de Burrus aurait été interrompu pendant tout le règne de Caligula, ou bien si le silènece du texte ne s’expliquerait pas plutôt par ce fait que la mémoire de Caligula ayant été officiellement frappée de flétrissure, il n’était pas possible de le nommer sur un monument public.
Mais maintenant nous marchons en plene lumière, car déjà sans doute on a reconnu dans notre personnage le célèbre Burrus le préfet du prétoire qui, sous Claude et Néron, a rempli avec honneur un rôle des plus difficiles et des plus considérables (Tacite, Ann. 12, 42; 13, 2; 14, 20; 14, 7, 51, 52, 64; Josèphe, Ant., 20; Sénèque, Clem. 2, 1; voy. Hirschfeld, Admin. rom., p. 220).
Elevé par le crédit d’Agrippine au commandement non partagé des gardes prétoriennes en remplacement de Rufrius Crispinus et de Lusius Géta, en l’an 51, ce fut lui qui, à la mort de Claude, en 54, fit proclamer Néron empereur par ses troupes. Il non faillit pas moins, dès l’année suivante, tomber en disgrâce et ne dut qu’au crédit de Sénèque, qui était le précepteur du jeune prince, la conservation de son haut poste. Burrus et Sénèque étaient alors à eux seuls «les appuis de l’Etat» et purent, pendant quelque temps, grâce à l’influence, qu’ils exercaient sur la famille impériale, l’un par sa réputation militaire, l’autre par son éloquence, retenir le nouveau règne sur l’abîme de forfaits où il tendait à se précipiter. Une première fois, en 55, Burrus réussit à empêcher Néron de tuer sa mère; puis on 59, lorsque le meurtre fut irrévocablement résolu, il refusa courageusement de prêter le ministère des prétoriens pour le mettre à exécution. Il mourut, trois ans après, en 62, peut-être empoisonné par l’odieux tyran qu’importunaient la sévérité de ses mœurs et с. 77 sans doute aussi le souvenir de l’opposition faite à ses projets parricides.
Ce que l’on ignorait jusqu’à présent, et ce que nous apprend notre inscription, outre la partie de la carrière antérieure à la préfecture, c’est que Burrus avait reçu de Néron les ornements consulaires, révélation d autant plus importante qu’il est, sinon le premier, au moins le second exemple de cette distinction devenue ensuite fréquente. Jusqu’à son prédécesseur Crispinus, quelques-uns des préfets du prétoire qui s’etaient succédé depuis Séjan sous Tibère, avaient obtenu seulement les ornamenta praetoria Voy. Mommsen. Droit publ., 1, p. 447, note 3; Bloch, De maqistr. ornamentis, p. 634, c’est-à-dire les insignes et les privilèges honorifiques des anciens préteurs.
Burrus, lorsqu’il mourut, devait n’être pas très avancé en âge. Il a pu, dès l’âge de dix-huit ans, remplir le grade de tribun légionnaire, et, si à la mort d’Auguste, en l’an 14, il avait plus de vingt ans, il n était pas même encore septuagénaire en 62, la dernière année de sa vie. Ajoutons, pour ne rien omettre de ce qui le concerne, qu’il était manchot: trunca scilicet manu.
On ne sait pas son prénom. L’inscription l’aurait fait connaître; précisément la partie où il était gravé est une de celles qui n’ont pas été retrouvées. L’étendue de la lacune répond assez exactement à l’espace nécessaire pour contenir la sigle SEX, abréviation de Sextus.
La mutilation du texte nous prive d’un renseignement non moins intéressant. Par quelle circonstance Burrus se trouvait-il d’avoir une statue à Vaison ? Son agrégation à la tribu Voltinia, qui était celle des Voconces et en même temps celle de la plupart des autres cités de la Narbonnaise, autorise à penser qu’il était peut-être Voconce, et alors très vraisemblablement patron de sa cité d origine. C’est en conséquence de cette hypothèse, qui nous parait fort admissible, que nous avons restitué la fin du texte par les mots Vasienses Vocontii patrono. Le nom, il est vrai, ne s’est pas encore, que nous sachions, rencontré dans le pays; mais il se rencontre à Nîmes peut-être et sûrement à Narbonne.
Quoiqu’il en soit, le sol de Vaison n’avait pas fourni encore une inscription aussi importante.
Nous avons un remercîment tout particulier à adresser à M. de Guyon, qui a bien voulu nous envoyer une copie et un moulage, et à MM. de Villefosse et l’abbé Thédenat, dont l’estampage nous a permis de lire avec toute certitude ce qui subsiste des mots ORNaMentis CONSVlaribus, que ne donnaient d’une manière reconnaissable ni la copie ni mème le moulage mis à notre disposition.
с. 231
II. P. 75 et 138. Inscription sur le piédestal d’une statue de Burrus, à Vaison. — Les lecteurs de la Revue n’ont peut-être pas oublié une inscription incomplète, trouvée en 1884 à Vaison, acquise depuis par le musée d’Avignon, qui primitivement décorait le piédestal d’une statue de Burrus, le célèbre préfet du prétoire des empereurs Claude et Néron. Il se trouve que des fragments, découverts pareillement à Vaison et recueillis depuis une vingtaine d’années dans la belle collection épigraphique de M. Eugène Raspail, â Gigondas, appartiennent à cette inscription et la complètent. Ces fragments, que nous-méme avons copiés et publiés dans le Bulletin archéologique de la Drôme, (années 1871—
Les lettres AFR sont réduites par la cassure de la pierre â leur partie supérieure; dans le Bulletin de la Drôme nous les avons prises à tort pour с. 232 AEB au lieu di AFR. Or, la partie inférieure de ces trois lettres existe sur le fragment conservé au musée d’Avignon, et de là ressort la preuve absolument certaine que tous ces fragments : ceux de la collection de M. Raspail et celui du musée d’Avignon, appartiennent bien réellement à une seule et même inscription.
Mais ce n’est pas tout; on lit sur le quatrième des fragments conservés à Gigondas, ce qui suit :
et précisément ces deux syllabes manquent à la fin de deux lignes consécutives sur le fragment aujourd’hui déposé à Avignon. De plus, ce fragment aujourd’hui à Avignon provient d’une inscription encadrée; les fragments recueillis par M. Raspail proviennent également d’une inscription encadrée, et l’écartement des moulures est, sur ceux-ci comme sur celui-là, exactement le mème. De plus encore, le fragment contenant les syllabes NA et LAR se termine par une grande marge vide qui descend jusqu’à la moulure inférieure de l’encadremeut et montre ainsi que la seconde des deux lignes indiquées par ces syllabes étau la dernière du texte. On a donc maintenant l’inscription complète, et la voici on son entier:
Accents sur le premier O de PATRONO, peut-être sur l’O de BVRRO et sur l’A de PRAeF.
Vasienses Vocontii patrono Sexto Afranio, Sexti filio, Voltinia, Burro, tribuno militum, procuratori Augustae, procuratori Tiberii Caesaris, procuratori divi Claudii, praefecto praetorii ornamentis consularibus.
«Les Vasienies Voconces, à leur patron Sextus Afranius Burrus, fils de Sextus (Afranius) ; de la tribu Voltinia, tribun militaire, procurateur d’Augusta, procurateur de Tibère César, procurateur du dieu Claude, préfet du prétoire honoré des ornements consulaires, ont élevé cette statue ».
Nous avions supposé dans notre précédente publication (ci-dessus, p.76), à cause de l’étendue de la lacune au commencement de la première ligne du fragment aujourd’hui au musée d’Avignon, qu’Afrantus Burrus devait avoir comme son père le prénom du Sextus et que la statue dont il s’agit lui avait été érigée par les Voconces parce que très probablement il était leur patron: ces hypothèses se trouvent pleinement confirmées. Nous avions supposé également que les ornements consulaires pouvaient avoir été accordés à Burrus par l’empereur Néron, qui lui devait son élévation au trône; M. le professeur Bloch, au contraire (ci-dessus, p. 139), hésitait entre Claude et Néron. En présence du texte maintenant complet, la question continue à rester indécise.
De son côté, M. Hirschfeldt s’est aperçu avant nous que les fragments recueillis dans la collection de M. Raspail et publiés par lui dans le Corpus (XII, n° 1360) sont des débris d’un monument en l’honneur de Burrus. Croyant с. 233 que le fragment qui porte les syllabes NA et LAR appartenait au commencement de l’inscription, il était d’abord porté à admettre deux textes relatifs à Burrus; maintenant il ne conserve plus aucun doute que tous les fragments proviennent d’une inscription unique.
CIL. XII. 5842 basis lat. m. 0,70 (v. 3 — 9 alt. m. 0,45) litteris saeculi primi. Fragmenta a. c (v. 1. 2. 3 in. et 8. 9 ex.) rep. Vasione nescio quo anno; extant Gigondas apud Raspailum; b (v. 3—
Descripsi b ad ectypum ab Allmero subministratum; a. c descripsi apud Raspailum ex lapide edidique supra n. 1360 (de his fragmentis cum basi postea reperta coniungendis diximus Allmer et ego revue épigr. II p.232). a. c edidit Allmer bull. de la Drôme 1871/72 p. 292; b idem rev. epigr. II p.75 n. 513 ad ectypa adiecto commentario. (inde mém. de Vaucluse 4 p. 123). Dixit de hoc titulo Bloch annuaire de la Faculte des lettres de Lyon 1885 p. 1 seqq., cf. Mowat bull. épigr. V p. 329.
4 ex. num apex adsit, incertum.
Afranium Burrum clarissimum Claudii et Neronis praefectum, quem per procurationes ad summos equestris gradus honores ascendisse hoc demum titulo edocemur, non modo Vasiensium patronum, sed ipsum Vasione oriundum fuisse Voltinia tribus probabile reddit. 4. 5 Augusta est Livia a Claudio imperatore inter Divas relata; utrum consulto an errore Divae cognomen omissum sit, non diiudico.
ILS. 1321. Vasiens. Vóc.1 | patróno, | Sex. Afranio Sex. f. | Volt. Burró | trib. mil., proc. Augus|tae2, proc. Ti. Caesar., | proc. divi Claudi, | práef. pra[e]tori3, orna|m[ent]is consular.
Vasione (Vaison) provinciae Narbonensis rep. (XII 5842 Hirschfeld vidit ectypum).
1Vasienses Vocontii.
2Intellegitur Livia.
3Praefectus praetorio fuit Afranius Burrus a. 54—
Allmer A. Corrections et additions // Revue épigraphique du midi de la France. T. 2. 1884—
CIL. XII. 1360
CIL. XII. 5842
ILS. 1321
Espérandieu E. Inscriptions latines de Gaule (Narbonnaise). Paris, 1929. № 191.
Cavalier O. La collection d’inscriptions gallo-grecques et latines du musée Calvet. Paris, 2005. № 69.
Carte archéologique de la Gaule. T. 84.1. Vaison-la-Romaine et ses campagnes. Paris, 2003. P. 121.
Text: Epigraphik-Datenbank Clauss / Slaby.
Comments: Allmer A. Statue de Burrhus à Vaison // Revue épigraphique du midi de la France. T. 2. 1884—1889. P. 75 n. 513 (only USA IP).
Comments: Allmer A. Corrections et additions // Revue épigraphique du midi de la France. T. 2. 1884—1889. P. 231—233 (only USA IP).
Comments: CIL. XII. 5842.
Comments: ILS. 1321.
Description: museum label.